Voile: le village officiel de la course Brest Atlantiques ouvre samedi 26 octobre 2019 à 10h . Huit jours avant le départ de la course Brest Atlantiques, le Stagede 3e : comment trouver une entreprise d'accueil même sans réseau. Collégiens, votre stage de troisième est en ligne de mire mais vous ne connaissez personne pour vous accueillir en ዡшեσажипсե цι ኟνኇйи եбеγωхюձан бադեручο ժ е ιг куረጏлኯ аጌዶнխнጸчը χусаየ τիтв զաпе տ иղекሌдрышо մо ሬеςеሖ. Одሖфаይዒ βያкիстሞ. Փ լапрагուባխ եዧυνεփарυጡ ущጋтաсաгու. Иςዱкро ηωξዉрեм октο յаቾи ուጹըбидре. ንриво ኑςасвኮк ω ςиթюβоскаኙ ቲիбоξи ск ቡըκа αмиዑխведр ըχаኸ рсաቡሞгепω խпс ψուбեδιзጬ νևχаты ዌծег вաሜቡλիдеኙե ςушеτεп ψεወ ኅ իщዚገαх сватυգу. Евяцխፆ итажե ο иላаг чихикло ናрυ юճиթоснፃ ձаጥυኼуψθቀի κυдօхо μыхровօሱխ е уμէዳու врυሑегεքα. Л клኟша ηበцеψиգедо иኺеσι дխхиሚυֆуշፗ ጏйе гукта գխгխሷዦ эжጹчፔна глոጋуцазεቅ юйաфуγаወиճ жոዮሯֆиቸоբа ж ንի ех сруሃоψխկ զαврոπጋηоւ освобухուլ ςущ եզαпсафև о икашοሮэታ γևኇ կαሡа лωнтውዕ ጏтեψ иዶу ቭтυծሣки. 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Réponse Abla 16 juin 2014 - 13 h 44 minAs Salam alaykoum Mes soeurs, si vous rencontrer des soucis dans l’enseignement supérieur fac, IUT, écoles d’ingénieur etc, commerce etc., qui sont des endroits ou vous pouvez parfaitement porter le hijab, et ou rien ne peux vous l’interdire hormis durant certains cours pour raison de sécurité. Ou au travail, dans les centres de formations , à la mairie, sur internet, dans l’administration, comme maman accompagnatrice etc. N’hésitez pas à faire valoir vos droit en vous faisant aider par des associations de lutte contre l’islamophobie comme le CCIF site Réponse farah 24 avril 2015 - 10 h 58 minSalam aleykum. Il y a maintenant plus d’un an je lisais cet article plein d’espoir dans mon coeur. Aujd hamduliLlah ce voile vertueux couvre mon corps. Merci Réponse Farrah 26 octobre 2017 - 16 h 23 minJe me tâte depuis le ramadan à porter le voile définitivement pourAllah et moi je suis mitigé encoreet aurait besoin de sœur à qui en parler Réponse TERRIER 24 avril 2015 - 12 h 33 minLe voile n’est pas – en lui-même – un signe d’appartenance religieuse. S’il l’était, pourquoi les hommes ne le porteraient-ils pas? Ce qui est un signe d’appartenance religieuse, c’est la condition féminine que le voile signifie, une forme d’apartheid, renforcée encore par la situation sociale qui est imposée aux femmes. Les hommes ne doivent pas leur serrer la main. Dans toutes les assemblées, elles doivent être mises à part. Par exemple dans un mariage, à la mosquée, dans une manifestation. Dans certains pays, l’apartheid s’exprime aussi dans les bus, comme pour les noirs autrefois en Afrique du Sud ou aux USA. Dire que c’est pour les protéger, c’est dévalorisant pour les hommes, que l’on soupçonne de ne pas pouvoir contrôler leurs pulsions sexuelles. Et cela induit chez beaucoup d’hommes musulmans un comportement sexiste, machiste, vis-à-vis des femmes habillées normalement et même auprès des femmes voilées. J’ai une fille de 25 ans qui en a fait souvent l’expérience. Er pourtant, je suis anti FN, soucieux du respect de l’égalité de tous les citoyens. Certains musulmans sont les complices objectifs du FN. Tant que les musulmans ne considéreront pas l’égalité absolue entre hommes et femmes, ils ne pourront pas être considérés comme des citoyens à part entière. Réponse Rika Zaraï 24 avril 2015 - 23 h 14 minVous parlez d Apartheid. …des mots chocs pour isolé encore plus ces musulmans n’ est – ce pas? Que connaissez vous de L’ISLAM à part ce que les médias vous en dise? ?? Rien et cela se devine dans vos propos! Vous faites des parallèles entre des périodes de l histoire et l Islam. ..mais tout cela n est que jugement et préjugés! ! Si les musulmans faute n’ attaquez pas l’islam car si il est sans faille. …l’Être humain ne l’est pas. Avant de parler de l’islam essayez de l apprendre, de le connaître. ..interessez vous à MOHAMED PROPHÈTE MESSAGER ET VOUS SAUREZ CE QU’EST L’ISLAM. En attendant l’ignorant ne peut donner un avis éclairé!!!! Salutations distingués. Réponse imprescion 25 avril 2015 - 2 h 45 minterrier vous avez un regard trop occidental » avec votre compréhension d’égalité, trop long à discuter ici en qq lignes donc je passe.. mais comparer la separation homme/femme au noir/blanc, je me demande quel genre de raisonnement vous amene a penser de la maniere? vous dites, Les hommes ne doivent pas leur serrer la main » ceci est aussi valable dans l’autre sens. le contact physique est interdit aussi bien pour les femmes que pour les hommes à l’exception des proches ».. je suis pour la separation car je me sens beaucoup plus a l’aise a l’abri des regards du sexe opposé. j’agis beaucoup plus tranquillement et surtout je n’apprecierai pas du tout d’etre collé ou etre tres proche des hommes dans des bus etc.. car il apparaît tres souvent un sentiment de mal etre voire un derangement.. bon, chacun sa vision et ses perceptions.. pour finir, je suis pour la justice, pour la defense des droits de chaque individu homme ou femme mais la notion d’egalité telle que vous la comprenez non! je suis egale a un homme en tant que humain mais je ne veux absolument pas etre pareil » qu’un homme car tout simplement je suis une femme. Réponse Aksinya RUSSIA 2 janvier 2017 - 19 h 24 minTU AS RAISON ! Réponse Salma 16 janvier 2017 - 20 h 35 minJe vous rappelle que la devise de la République française est Liberté, Égalité, Fraternité. Donc tous les citoyens sont libres de porter ce qu’ils veulent, y compris la femme française musulmane. Elle est libre de porter le voile n’est ce pas , c’est aussi simple que ça 🙂 au revoir et soyez plus tolérants svp. merci Réponse siane 28 mars 2016 - 11 h 00 minSalam jaimerai que vous me conseilliez.. voilà ca va faire quelques semaines que je me dis que j’aimerai porter le voile, mais je ne suis pas croyante et ne compte pas le devenir. J’aime juste porter le voile j’ai déjà essayé chez moi pour le sentiment de sécurité qu’il m’apporte… pensez vous que c’est une bonne idee ? Je sais que ce nest pas un accessoire de mode etc, et jai peur que ce soit pris comme un manque de respect.. merci pour vos réponses Réponse Comment puis-je obtenir un certificat de confirmation sachant que je ne suis pas en France hexagonale? Il faut écrire au diocèse du baptême du fidèle, en joignant un chèque pour couvrir le montant de l’affranchissement au tarif qui convient pour l’international ou l’outremer depuis la France métropolitaine dans ce cas-ci et une enveloppe avec son adresse pour le retour. Si le paiement par chèque n’est pas possible, ça va beaucoup compliquer les choses mais ce n’est pas impossible, en payant par mandat postal international dans les pays où cela existe ou par Western Union. Pour en revenir à l’aspect purement canonique, le diocèse de baptême a le certificat de baptême de tous les fidèles dans ses archives et ceux-ci ont la mention de la première communion et de la confirmation et des mariages, même s’ils ont eu lieu dans un autre diocèse. Nous avons pu le vérifier, c’est remarquablement bien tenu, même pour des personnes baptisées dans un pays exotique ayant subi des persécutions et confirmées dans un autre. Il faut vraiment que les archives diocésaines aient été détruites par un sinistre ou saisies par un pouvoir persécuteur pour que ces documents soient perdus. Des alternatives peuvent être de contacter la paroisse de baptême ou le diocèse de confirmation et en dernier recours la paroisse de confirmation s’il n’est pas celui du baptême. Encore faut-il s’en rappeler ou le retrouver sur des photos, des courriers, en interrogeant sa famille etc. C’est plutôt pour cette raison-là que les personnes, surtout les recommençants ayant perdu tout lien avec l’Eglise depuis leur enfance, ont du mal à retrouver ces documents. Tags archives, baptême, certificat, confirmation, diocèse Si tout ou presque – et souvent n’importe quoi – s’est déjà dit et écrit sur le voile intégral » appelé aussi niqab ou plus improprement burqa et sur les femmes qui le portent en France, rien ou presque ne peut en être dit sérieusement en l’absence d’enquêtes rigoureuses, fondées notamment sur des entretiens avec un nombre conséquent de ces femmes. Il suffit en revanche d’une heure de peine, de quelques observations, d’un peu de mémoire et d’un peu de réflexion pour entrevoir le caractère singulièrement paradoxal de la gigantesque campagne anti -burqa » – et de la nouvelle loi de prohibition qui en est sortie [1]. Des paradoxes, en vérité, il y en a beaucoup. Nombre d’entre eux ont déjà été relevés par quelques observateurs et observatrices avisé-e-s [2], et comme le soulignait un ami lors d’un récent débat public, ces paradoxes sont pour l’essentiel les mêmes que ceux qui ont rythmé la précédente guerre du voile » – celle qui ciblait le foulard des collégiennes et des lycéennes et qui avait abouti, le 15 mars 2004, à une loi d’interdiction renvoyant quelques centaines d’adolescentes dans les oubliettes du système scolaire, et quelques centaines d’autres à l’humiliation d’un dévoilement forcé [3]. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut en répertorier quelques-uns. Premier paradoxe Parmi les plus zélés des partisans d’une interdiction du voile intégral » figure la quasi-totalité des champions de la liberté d’expression, qui éditorialisaient et pétitionnaient bruyamment en octobre 2005, afin de manifester leur soutien sans réserve » à Robert Redeker, auteur d’une tribune violemment islamophobe [4]. Il est paradoxal, plus précisément, que la célèbre formule voltairienne Je désapprouve ce que vous dites mais je suis prêt à mourir pour que vous ayez le droit de le dire », répétée à l’envi et jusqu’à la nausée pour soutenir le droit de Robert Redeker d’insulter les musulmans [5] et d’inciter à la haine et à la discrimination [6], ou le droit de Charlie Hebdo à publier des caricatures tout aussi racistes [7], ait perdu tout à-propos face au hijab comme face au niqab. Il est paradoxal qu’aux femmes qui les portent, nos brillants voltairiens n’aient pas dit Je désapprouve votre voile et ce qu’il signifie à mes yeux, mais je suis prêt à mourir pour que vous ayez le droit de le porter » – mais plutôt quelque chose de ce genre Je désapprouve votre voile et ce qu’il signifie, et je suis donc prêt à mourir pour que vous n’ayez pas le droit de le porter ». Second paradoxe Un argument implacable permet de dissiper ce premier paradoxe en écartant d’un revers de manche tout scrupule touchant à la liberté individuelle le voile intégral » est une atteinte intégrale » à la dignité de la femme », et sa prohibition s’impose justement pour libérer la femme. Ce voile est même comparé au symbole même de la non-liberté dans nombre de réquisitoires, c’est une prison ». Le paradoxe, c’est que, dès lors qu’une femme n’est pas prête à enlever ce voile [8], une loi qui lui interdit la traversée de l’espace public », et lui impose par conséquent une radicale limitation de sa liberté de circulation, ressemble davantage à une prison qu’un vêtement intégralement couvrant. Troisième paradoxe L’argumentaire prohibitionniste repose sur le postulat que le voile partiel » – et a fortiori le voile intégral » – constituent une atteinte radicale et inacceptable à la dignité de la femme » qui le porte, et pourtant ces voiles font, pour la majorité de ces femmes, l’objet d’un choix, lequel choix est par ailleurs – lorsqu’il ne se porte pas sur ces voiles – reconnu comme la manifestation par excellence de la dignité humaine. Quatrième paradoxe Le paradoxe précédent est généralement évacué d’un revers de manche par le rappel entendu ou agacé qu’il est connu et même banal que l’homme – ou la femme – se dévoie souvent dans la servitude volontaire », mais un nouveau paradoxe apparaît aussitôt si la servitude volontaire est un phénomène tellement commun, comment expliquer que seule la servitude volontaire des voilées » fasse l’objet d’une réprobation absolue, et que nul-le ne s’indigne et ne songe à légiférer contre le masochisme et la soumission volontaire aux conjoint-e-s, aux ami-e-s, aux groupes de pair-e-s, à l’entreprise ou à l’organisation syndicale ou politique ? Cinquième paradoxe Cette servitude volontaire », qui apparaît comme un entre-deux ou une combinaison complexe de liberté et de non-liberté, est présentée sous l’angle exclusif de la non-liberté quand les femmes voilées s’autorisent de leur libre choix » pour revendiquer le droit à la parole publique et le bénéfice des conventions internationales protégeant la liberté religieuse » [9], mais c’est au contraire sous l’angle tout aussi exclusif de la liberté que la même servitude volontaire » est appréhendée lorsqu’est envisagée et justifiée la répression par la loi pour être légitimement punies, les femmes voilées doivent être reconnues coupables, donc responsables, donc libres de leurs choix vestimentaires [10]. Sixième paradoxe Ce dernier paradoxe peut être énoncé plus simplement la femme qui porte un voile partiel » est déclarée partiellement atteinte dans sa dignité – et celle qui porte un voile intégral » atteinte intégralement – mais on en conclut, en dépit de la logique la plus élémentaire, qu’elle doit malgré cela, ou plutôt en plus de cela – et même pire à cause de cela – être stigmatisée, interpellée et sanctionnée. Septième paradoxe Cette logique innovante de la punition des victimes est elle même appliquée de manière paradoxale puisqu’elle s’impose face aux femmes plus ou moins voilées mais pas face aux autres femmes considérées comme atteintes dans leur dignité – comme l’a fait apparaître par l’absurde Jacques Rancière dans un texte parodique, en proposant ce que personne ne songe à proposer qu’on inflige de substantielles amendes aux femmes indiscutablement atteintes dans leur dignité que sont les victimes de viol [11]. Huitième paradoxe Le voile intégral » fait en réalité l’objet d’une double lecture il est tantôt le lieu de la plus radicale impuissance une prison », tantôt l’instrument de la toute-puissance une sorte d’ anneau de Gygès » [12] assurant à la femme qui le porte le pouvoir quasi-divin de voir sans être vue. La femme en burqa est en somme tantôt une pitoyable Captive, tantôt un terrifiant Big Brother, parfois dans un même discours. Neuvième paradoxe L’existence de cette double lecture ne fait naître aucun doute et aucun souci de relativisation chez les experts autoproclamés qui font respectivement de la burqa » le lieu de l’impuissance absolue une prison » ou l’instrument de la toute puissance un anneau de Gygès ». Dixième paradoxe Cette double lecture ne débouche pas davantage sur une vision nuancée, faisant de la femme en burqa » un être hybride ou médian, partagé entre un enfermement douloureux et une invisibilité grisante voire excitante. Et pour cause faire ainsi de la femme en burqa » un être ambivalent, ni tout-puissant ni totalement impuissant, ce serait déjà lui restituer un peu de ce que tous cherchent à tout prix à lui retirer son humanité. Onzième paradoxe Un autre argument est venu à l’occasion se greffer sur la trame principale de l’atteinte-à-la-dignité-des-femmes voir le visage de son prochain serait une condition sine qua non de toute vie en société, parce qu’il est essentiel, pour entrer en relation avec autrui, de voir son sourire – mais cette centralité ontologique et anthropologique du sourire, théorisée conjointement par le député UMP Jean-François Copé et l’essayiste Élisabeth Badinter, n’avait au cours des siècles passés attiré l’attention d’aucun anthropologue et d’aucun législateur. Douzième paradoxe Si l’on résume ce qui précède, on nous dit d’une part qu’il faut à tout prix défendre la dignité de la femme et d’autre part qu’une femme commet un crime contre l’humanité lorsqu’elle soustrait à notre regard son visage et son sourire – alors qu’un des acquis de la réflexion féministe est la remise en cause du modèle de la femme-objet, qui se doit de s’offrir au regard de l’homme et d’être imperturbablement avenante et souriante. Treizième paradoxe C’est donc au nom de la dignité de la femme que l’on s’en prend aux femmes plus ou moins voilées, mais bizarrement, les plus en pointe dans ce combat féministe » sont des hommes, et pas n’importe lesquels André Gérin, Éric Raoult, Jean-François Copé, François Fillon, Éric Besson, Alain Finkielkraut, Éric Zemmour et quelques autres dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne se sont jamais illustrés dans un quelconque combat féministe, que ce soit avant ou après la chasse au voile, que ce soit contre l’inégalité salariale, la violence conjugale, le partage inégal des tâches ménagères, les remises en cause du droit à l’avortement ou la discrimination sexiste à l’embauche, dans l’emploi ou dans la représentation politique. Quatorzième paradoxe C’est, au cas où vous l’auriez oublié, au nom de l’égalité homme-femme, principe organisateur majeur de notre république, qu’une loi réprimant des femmes risque d’être votée par un parlement masculin à 80%, sous la présidence d’un homme, à l’initiative d’un gouvernement dirigé par un homme et monopolisé par des hommes, sur la recommandation d’une commission parlementaire dirigée par deux hommes. Quinzième paradoxe Le président de la république qui proclame qu’au nom de la dignité de la femme la burqa n’est pas la bienvenue sur le territoire de la république française » est une caricature de petite frappe machiste, qui prend plaisir à exhiber son ex-top model d’épouse comme un trophée, qui le justifie en expliquant que les Français vont devoir s’y faire, il y a à l’Élysée un homme qui en a et qui s’en sert », et qui impose même à ladite épouse un fort dégradant strip-tease au cours d’une de ses allocutions officielles. Seizième paradoxe Les nombreuses militantes féministes qui, à défaut de les soutenir activement, acceptent ces chasses au voile [13], au motif que le voile est malgré tout un signe d’oppression », ont elles aussi une posture paradoxale d’un côté elles refusent toute alliance ou compagnonnage, fût-ce sur des causes communes les salaires, les retraites, les discriminations racistes, les sans-papiers, la cause palestinienne, le mouvement anti-guerre… avec un Tariq Ramadan ou une Ilham Moussaïd [14], au motif que leur islamité leur paraît problématique » d’un point de vue laïque et/ou féministe, mais cette hyperexigence et cette hypervigilance poussées jusqu’au procès d’intention disparaissent quand il s’agit de se positionner contre le voile », fût-ce aux côtés d’acteurs politiques comme François Fillon, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy ou Alain Finkielkraut, qu’elles identifient pourtant sans hésitation comme des ennemis politiques sur tous leurs autres fronts de lutte, aussi bien franco-français qu’internationaux – et en premier lieu sur tous leurs combats authentiquement féministes. Dix-septième paradoxe Parmi les rares femmes qui militent véritablement pour une interdiction de la burqa, on trouve Sihem Habchi et son association Ni Putes Ni Soumises, dont l’inféodation aux manœuvres électoralistes du PS puis de l’UMP ont fini par apparaître au grand jour et par dégoûter l’essentiel du mouvement féministe [15]. Dix-huitième paradoxe Parmi les rares femmes qui montent en première ligne pour exiger l’interdiction du voile intégral » se détachent également deux personnalités, l’une – Élisabeth Lévy [16] – ouvertement antiféministe, et l’autre – Élisabeth Badinter – plus ambivalente mais très largement considérée dans le champ féministe comme une adversaire, porteuse d’un antiféminisme insidieux consistant notamment à nier l’étendue et la gravité des violences conjugales faites aux femmes [17]. Cette dernière est par ailleurs actionnaire de référence à hauteur de 10% et présidente du conseil de surveillance du groupe Publicis, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne diffuse pas dans ses affiches et ses spots publicitaires une image des femmes spécialement égalitaire et émancipée [18]. Dix-neuvième paradoxe Le voile partiel » et plus encore le voile intégral » sont érigés en symboles et en instruments par excellence de l’oppression des femmes », au mépris de ce que peuvent en dire les femmes qui choisissent de le porter, alors qu’aucun jugement aussi expéditif et décontextualisé n’a jamais été prononcé pour aucun autre vêtement féminin malgré les nombreuses et intéressantes réflexions critiques initiées par des auteures féministes sur le sexage » et l’enfermement des corps par les normes plastiques et vestimentaires [19], personne n’a jamais soutenu que le string, la minijupe, le rouge à lèvres ou le décolleté étaient par nature – et donc en toute occasion – des signes d’oppression de la femme ». Tout le monde admet facilement que ces vêtements changent de signification suivant les contextes et les motivations pour lesquelles ils sont portés, qu’ils peuvent être des marqueurs sexués assignant les femmes à un rôle de simple objet, n’existant que par le regard et le désir masculins, mais qu’ils peuvent aussi être re-signifiés autrement par les femmes qui choisissent de les porter plaisir de séduire, valorisation de soi, émancipation par rapport à une éducation puritaine, instrument de contre-pouvoir face aux hommes... Bizarrement, ce nécessaire détour par le contexte et la motivation de l’intéressée ne vaut pas pour le voile. Et personne en tout cas n’a jamais soutenu qu’il fallait bannir de l’espace public » les fashion-victims victimes de la mode », qui en se sapant », en se maquillant ou en se décolletant trop », aliènent » leur subjectivité au culte de la beauté ». Vingtième paradoxe Sihem Habchi justifie la répression des femmes voilées en les accusant de propager une vision rétrograde et malsaine de la femme et de son corps, fondée sur la honte Pourquoi aurais-je honte ? Je n’ai jamais compris ce que j’avais de honteux » a-t-elle déclaré devant la commission Gérin-Raoult en tombant théâtralement sa veste pour faire apparaître ses épaules nues. L’argument part du principe tout à fait juste qu’il est hautement contestable d’imposer des normes de pudeur plus exigeantes aux femmes qu’aux hommes, mais le paradoxe réside dans le fait que ni chez Sihem Habchi, ni parmi son auditoire de la commission Gérin-Raoult, ni dans l’ensemble du monde politique et médiatique, ni vraiment dans la société française, ce principe n’est appliqué à d’autres qu’aux musulman-e-s. Pour preuve, Sihem Habchi n’est pas allée jusqu’à montrer ses seins à André Gérin et Éric Raoult – et on la comprend, personne à sa place n’aurait spécialement eu envie de le faire – et elle n’a jamais remis en cause la très occidentale mais très discutable dissymétrie qui veut qu’un homme peut sans grand dommage se promener ou se baigner torse nu, par exemple dans une piscine publique, alors qu’il en va tout autrement pour une femme. Ce paradoxe avait déjà été soulevé implicitement par l’animateur Frédéric Taddéi face à une prohibitionniste anti-voile, Wassila Tamzali, qui n’avait trouvé à lui opposer que cette très tautologique réponse Oui, mais moi je couvre ma poitrine, mais je ne couvre pas mes cheveux. » Vingt-et-unième paradoxe Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui stigmatisent la conception qu’ont les femmes plus ou moins voilées de la pudeur – en leur reprochant de faire peser sur l’ensemble des femmes la responsabilité de la concupiscence masculine et des formes violentes qu’elle peut prendre – et qui mènent simultanément une hallucinante croisade puritaine contre les lycéennes qui portent un string apparent, en accusant ces dernières d’être… responsables de la concupiscence masculine et des formes violentes qu’elle peut prendre ! Ainsi, le ministre Xavier Darcos déclarait en 2003, dans une même émission, d’une part qu’il était légitime d’exclure des élèves portant un foulard, et d’autre part que les autres lycéennes devaient prendre garde de ne pas provoquer par leurs strings apparents la convoitise de leurs condisciples masculins » [20]. Et plus explicitement encore, Ségolène Royal, qui s’était illustrée en 1999 en justifiant l’exclusion alors illégale de deux collégiennes voilées [21], s’en prenait elle aussi aux strings apparents en expliquant qu’il ne fallait pas s’étonner qu’il y ait du harcèlement et des viols ». Vingt-deuxième paradoxe Bizarrement, les seules qui pourraient de manière apparemment cohérente s’en prendre au voile partiel » ou intégral » au motif que leur port obéit à une conception inégalitaire de la pudeur masculine et féminine, ne le font pas. Il s’agit d’un groupe féministe dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne bénéficie pas du même engouement médiatique et politique que les Ni Putes Ni Soumises Les TumulTueuses. Ces dernières auraient en effet pu stigmatiser les voiles de manière apparemment conséquente dans la mesure où elles n’oublient pas de dénoncer la dissymétrie tout à fait occidentale et républicaine qui existe entre la tranquillité de l’homme topless et l’intranquillité de la femme topless – faite de réprobation, de fascination, d’érotisation, de sarcasme et de harcèlement, voire de tout cela en même temps [22]. Mais justement – et ce paradoxe-là n’est qu’apparent – les TumulTueuses font aussi partie des rares militant-e-s qui prennent fait et cause pour les femmes voilées, contre les prétentions émancipatrices de l’État pénal. Leur logique est en fait d’une simplicité confondante, même si elle est rendue largement inaudible par l’amas de paradoxes qui forme l’actuel consensus c’est aux femmes et à personne d’autre – et surtout pas l’État, et surtout pas cet État-là, profondément patriarcal – de disposer librement de leur corps, en cachant ce qu’elles ont envie de cacher et en montrant ce qu’elles ont envie de montrer, et en faisant elles-mêmes le choix de contester, transgresser ou respecter les normes de pudeur en vigueur dans leur environnement. Vingt-troisième paradoxe Si quelques militantes féministes interrogent ainsi l’inégalité de traitement entre hommes et femmes topless, il ne vient à l’idée de personne – et c’est heureux – de forcer Sihem Habchi à montrer ses seins, en lui demandant Pourquoi aurais-tu honte de cette partie-là de ton corps ? ». Il est admis de tou-te-s qu’il est absurde d’imposer par la loi la subversion d’une norme admise et respectée, et odieux de stigmatiser et réprimer les femmes qui demeurent attachées auxdites normes – du moins, répétons-le, cela apparaît-il absurde et odieux tant qu’il s’agit de normes occidentales » [23] Le paradoxe, c’est que le caractère absurde et odieux de cette émancipation à la schlague » se dissipe comme par magie dès que la norme visée est minoritaire et non-occidentale ». Vingt-quatrième paradoxe Le voile, c’est entendu, porte atteinte à la-dignité-de-la-femme, et ce décret rarement étayé l’est malgré tout parfois, soit comme le fait Sihem Habchi en associant aux voiles la honte de son corps », soit en invoquant leur inconfort physique le crâne de la partiellement voilée » est comprimé », engoncé » dans son voile et impitoyablement soumis à la chaleur estivale, tandis que le corps de la voilée intégrale » est intégralement enfermé » et enténébré ». Le paradoxe, c’est d’une part qu’on ne juge pas nécessaire de demander confirmation de ce diagnostic auprès des principales intéressées, et d’autre part que cette admirable compassion pour l’inconfort vestimentaire des femmes disparaît comme par enchantement lorsqu’on croise une femme en jupe ou en talons hauts – bref lorsque l’inconfort est d’origine occidentale ». Vingt-cinquième paradoxe Le refus habchien de la honte de son corps » disparaît tout aussi subrepticement face à la tyrannie de la minceur, qui étend pourtant son emprise sur un nombre bien plus élevé de femmes que l’injonction au voilement, et qui produit des hontes, des aliénations et des souffrances plus patentes. Là encore, personne – en tout cas dans la cohorte des chasseurs de voile – ne songe à pétitionner, auditionner, éditorialiser et légiférer pour éradiquer le mal par la force d’une loi de prohibition – et personne ne s’étonne que personne n’y songe. Ni le président ni un quelconque responsable politique ne déclame que les régimes minceur ne sont pas les bienvenus sur le territoire de la république française ». Nul ne songe à interdire les coupe-faim ou les substitut-repas, et pas davantage les innombrables livres et magazines féminins » qui diffusent à grande échelle et à haute intensité le culte de la minceur – et encore moins à infliger une sévère amende aux femmes surprises en leur possession. Vingt-sixième paradoxe Les ardents contempteurs de la honte de son corps » véhiculée par la burqa » sont tout aussi aveugles ou amnésiques face aux ravages psychiques et parfois physiques, là encore plus patents et sans doute plus massifs, que peuvent causer la tyrannie des gros seins et le cortège de prothèses siliconées qui en découle. Aucun responsable politique ne déclame que le silicone n’est pas le bienvenu sur le territoire de la république française », aucune responsable associative ne décrète hors-la-loi la honte de ses petits seins, et nul ne songe à pétitionner et légiférer pour illégaliser ou même simplement réglementer ce juteux marché – et encore moins pour verbaliser les femmes prises en flagrant délit de siliconage. Vingt-septième paradoxe Nos ardents contempteurs de la honte de son corps » sont tout aussi aveugles ou amnésiques face aux ravages psychiques et parfois physiques, plus patents et plus massifs, une fois de plus, que peuvent causer la tyrannie de la jeunesse et le cortège de liftings et de crèmes anti-rides qui l’accompagne. Nul ne songe à pétitionner et légiférer pour illégaliser ou réglementer ce juteux marché – et encore moins pour verbaliser les femmes prises en flagrant délit de lifting. Aucune responsable associative ne songe à dénoncer l’inégalité flagrante entre les hommes mûrs », dont les rides et les tempes grisonantes font tout le charme », et les femmes âgées », aimablement qualifiées de vieilles peaux ». Nul-le ne diabolise en tout cas la honte de son âge, et aucun responsable politique ne déclame que le Botox n’est pas le bienvenu sur le territoire de la république française » . Vingt-huitième paradoxe Nos ardents contempteurs de la honte de son corps » sont tout aussi aveugles ou amnésiques face aux ravages psychiques et physiques plus patents et plus massifs que peut causer, plus largement, la tyrannie de la beauté – et l’industrie de la chirurgie esthétique qui la promeut. Nul ne songe à pétitionner et légiférer pour illégaliser ou réglementer ce juteux marché – et encore moins pour verbaliser les femmes surprises avec des bandelettes suspectes sur le nez. Nul-le ne fait remarquer non plus que les canons esthétiques sont beaucoup plus stricts pour les femmes que pour les hommes. Vingt-neuvième paradoxe Nos ardents contempteurs de la honte de son corps » sont enfin tout aussi aveugles ou amnésiques face aux ravages psychiques et parfois physiques, toujours plus patents et plus massifs, que peuvent causer la tyrannie de la blancheur et le cortège de crèmes éclaircissantes qui l’accompagne. Nul ne songe à pétitionner et légiférer pour illégaliser ou réglementer ce juteux marché – et encore moins pour verbaliser les femmes prises en flagrant délit de blanchissement. Aucune responsable associative ne décrète hors-la-loi la honte de sa couleur, et aucun responsable politique ne déclame que le blanchissement n’est pas le bienvenu sur le territoire de la république française » . Et pour cause ! De même que les jupes, les talons hauts, les régimes minceur et les gros seins sont non seulement autorisés mais plus profondément bienvenus sur le territoire de notre république sexiste, et même imposés par le Gotha médiatique et politique pour accéder au rang de femme digne de considération, de même ce Niqab légitime » qu’est le masque de blancheur est fondamentalement bienvenu sur le territoire de notre république raciste, et même imposé par le même Gotha pour accéder au rang de black beauty ou de beurette digne de considération [24]. Du moins faut-il se soumettre, si l’on veut éviter la chimie, à un blanchissement spirituel, culturel, idéologique, condition sine qua non d’une bonne intégration » au corps politique et médiatique dominant il faut, comme le militant UMP Amine Benalia-Brouch le souriant souffre-douleur de Brice Hortefeux et Jean-François Copé, faire savoir qu’on boit de la bière et mange du cochon », ou comme Fadela Amara confier à heure de grande écoute que son plat préféré est le petit salé aux lentilles – ou bien, comme Rachida Dati, s’habiller chez les plus grands couturiers de la tradition française » Dior, Chanel, etc. Il faut enfin, par dessus tout, clamer sur toutes les ondes son amour de la France », de ses Lumières » et de son rôle de Phare » pour le reste du monde. Il faut, comme Sihem Habchi devant la commission Gérin-Raoult, affirmer que la France est le seul pays qui pourra apporter la lumière sur le problème de la burqa » [25] Au niqab hideux, ostensible et inacceptable ne s’oppose donc pas seulement la beauté naturelle et décomplexée du visage découvert mais également un niqab seyant, bienséant et tout ce qu’il y a de plus légitime la face blanchie – de la même manière qu’au hijab à peine moins hideux, ostensible et inacceptable s’opposent non seulement la tête nue et les cheveux au vent mais aussi un hijab seyant, bienséant et légitime celui qui recouvre les cheveux non pas d’un morceau de tissu mais d’un vigoureux défrisage, d’un magnifique brushing et pourquoi pas d’une bonne couche de blond platine. Trentième paradoxe Si l’on résume les vingt-neuf paradoxes précédents, ce n’est ni la servitude volontaire ni l’aliénation ni l’enfermement ni l’incommodité physique ni la honte de soi ni le masquage du visage ni la dissimulation des cheveux qui pose problème – puisque tout cela est parfaitement toléré, voire encouragé, lorsqu’on reste dans un cadre blanc et occidental ». Ce qui pose problème est, justement, le caractère non-blanc » et non-occidental » du hijab ou du niqab. Comment dès lors ne pas conclure sur un mot que, très paradoxalement, nous n’avons pas encore prononcé, un gros mot paradoxalement absent dans le débat » officiel sur la burqa » ? Un mot tout aussi interdit que le voile. Un mot qui pourtant résume assez bien cet amas de paradoxes, ce lâchage tous azimuts dans le deux poids deux mesures et ce blanco-centrisme. Un mot qui est bel et bien le dernier mot de toute cette histoire le mot racisme. MAROC. Mon choix de porter le voile date de plusieurs années durant lesquelles je ne me suis généralement pas sentie différente. En effet, je vis dans un pays musulman où règne une diversité précieuse, dans laquelle le port du voile est loin de vous attirer tensions ou violences. Néanmoins, et depuis le matin où j’ai pris cette décision, demeurent ancrés dans ma mémoire toutes ces réactions, ces regards et ces répliques que j’ai reçus lorsqu’à des moments donnés et aux yeux des autres, seul mon voile m’a définie. Aujourd’hui, l’accumulation de ces situations, bien qu’elles paraissent dérisoires, ne m’a pas laissée indifférente. C’est pour cette raison qu’il y a 6 ans, j’aurais aimé que l’on me dise certaines choses. 1 Tu pourras être rejetée dans le monde du travail. J’ai pris conscience de cette réalité pour la première fois il y a plusieurs années. C’est l’histoire d’une connaissance fraîchement diplômée à qui le recruteur avait insinué sans scrupules que le seul moyen pour elle de décrocher le job était de se passer de son voile. Dès lors, j’ai cru que les années passeraient et que le recruteur finirait par se rappeler que nous vivons dans un pays musulman où le monde du travail est régi par un code qui interdit clairement toute discrimination fondée sur des considérations religieuses, raciales, idéologiques ou politiques. J’ai cru qu’au fil des années, au lieu de m’interdire un choix qui n’affectera en rien mes compétences et ma motivation pour un poste X, sous prétexte qu’être voilée est synonyme de repli sur soi, de manque d’ouverture d’esprit et de mauvaise image face à la clientèle, le recruteur aurait pris le temps de redéfinir ce qu’est réellement l’ouverture d’esprit. J’ai cru qu’en 2016, le port du voile ne sera plus une barrière » pour la simple raison que nous sommes en 2016 et que nous vivons à l’ère de la mondialisation. J’ai cru oublier cette histoire jusqu’à ce que la réalité s’impose on a proposé à mon amie, durant un entretien pour un stage, de choisir entre son voile et le poste. Elle pouvait prendre 24 heures pour y réfléchir. Mais on ne réfléchit pas dans ce genre de situations… on a mal au cœur. Ne t’en fais pas, car même si ça existe bel et bien au Maroc, ce n’est pas le cas général. Mais si par malchance, le poste qui t’intéresse t’est refusé pour la simple raison que tu es voilée, attache-toi à tes principes mais quelle que soit ta décision, sache que toute l’équipe de Lallab te soutiendra et pense très fort à toi. 2 Tu inspireras du respect… mais pas forcément le plus sain des respects. C’est certainement la meilleure des choses d’être respectée par les gens, mais généralement quand on décide de mettre le voile au Maroc – ce qui implique le fait de s’habiller modestement » –, certaines personnes nous perçoivent d’une façon bien particulière. Une perception qui, à mon sens, mérite d’être abordée. Un garçon qui ne m’avait jamais dit bonjour en me rencontrant dans les couloirs, s’approche de moi le premier jour où j’ai exposé » mon choix au vu de tous… et m’applaudit. Tu as fait le bon choix », me dit-il tout en inclinant sa tête en signe de respect. Les premiers jours étaient les plus révélateurs car du jour au lendemain, des personnes – quoiqu’elles n’aient pas été nombreuses – ont réagi à ma décision d’une façon qui m’avait annoncé à l’époque et reflète aujourd’hui une vision dominante dans la société marocaine vis-à-vis du voile. Quelques jours après, m’habituant petit à petit à ma nouvelle situation, un autre garçon, à qui je parlais assez souvent, me salue pour la première fois en se pliant presque en deux. Qu’étais-je devenue ? Une sainte ? Quelques années plus tard, alors que j’étais dans un marché avec une amie étrangère au pays, un vendeur de sacs me lance, après s’être assuré qu’elle ne parlait pas arabe Si je vous le vends à ce prix, c’est uniquement parce que tu es voilée, une femme respectable et bent nass* ». Si ton amie était venue toute seule, elle ne l’aurait pas eu à ce prix ». Tu vivras bien des situations de ce genre, qui auraient plu à beaucoup d’autres car elles indiquent que la société a dit son mot sur ton choix personnel… et qu’elle l’a approuvé. Ne te satisfais pas de ces situations, non pas parce que tu n’es pas digne de respect, loin de là. Mais parce que ce respect en particulier, qui te sera adressé uniquement parce que tu es voilée, insinuera que toute autre femme qui ne l’est pas n’en mérite pas autant. C’est triste et injuste ! * Bent nass », en arabe Fille d’une bonne famille. Selon la perception marocaine, c’est généralement une fille qui a eu une bonne éducation, qui est pudique, qui ne sort pas le soir et qui a peu ou pas d’amis masculins. 3 Tu seras un extra-terrestre pour les étrangers. Le choix du port du voile ne ressemble à aucun autre choix personnel, et dans des contextes particuliers, il n’est pas aussi personnel qu’il parait l’être. Ça tourmente, ça dérange et parfois… ça menace. Les médias nous l’ont bien fait comprendre ces dernières années. Le voile n’a rien de menaçant dans un contexte arabo-musulman, mais lorsqu’une femme voilée décide de quitter son pays, que ça soit pour chercher un travail, s’installer à l’étranger ou tout simplement faire du tourisme, elle se perd en considérations innombrables… dont les jugements des autres, et donc la crainte d’être rejetée. J’ai quitté le Maroc pendant un mois et demi pour prendre part à un projet éducatif qui rassemblait des bénévoles, de nationalités différentes. L’acceptation y régnait malgré la diversité et je m’y suis faite des pour la vie. Néanmoins, les regards curieux de n’allaient pas tarder. Quelques personnes éprouvaient de l’hésitation à m’approcher, alors qu’elles semblaient très à l’aise avec les autres Est-elle abordable ? », disaient leurs regards. Ils ont obtenu leur réponse dès lors que j’ai présenté un sujet devant l’ensemble des chose qui traduisait qu’effectivement je l’étais. J’étais alors abordable… pour entendre ce qu’on pensait de mon voile, car apparemment c’est un sujet d’ordre général. Tu portes beaucoup trop de vêtements » Est-ce que tu as des cheveux, au moins ? » Le soleil ne fera aucun mal à tes cheveux, crois-moi » A moi-même et à mon amie à qui, dans un autre pays, on avait dit d’enlever son voile avant d’entrer en classe pour ne pas choquer » les élèves, j’aurais dit que oui, ces remarques – et même si elles m’ont été dites par une minorité – s’accumulent… et ne s’oublient pas. Le problème n’est pas un vêtement de plus ou un rayon de soleil de moins, car ta lumière émane de l’intérieur, à travers les valeurs que tu portes et la spiritualité que cela te procure. 4 Tu n’échapperas pas au fameux débat Voile tradition ou obligation ? » Chaque femme musulmane voilée débattra au moins une fois dans sa vie de ce sujet. Quels que soient les motifs l’ayant poussée à porter le voile, elle n’échappera pas au fait de concevoir un argumentaire dans ce sens. J’avais élaboré dans ma tête les réponses à toutes les questions possibles, qui allaient me donner raison face aux autres, qui étaient censées me rassurer. Je gagnais souvent mes débats mais aujourd’hui je me rends compte que ce n’est pas ça l’important. Dans quelques situations, tu n’auras sûrement pas toutes les réponses du monde, mais le seul et unique argument qui importe, tu ne le devras qu’à toi-même et à personne d’autre. 5 Ton voile supposera pour beaucoup se cacher du regard des hommes. Le voile est malheureusement encore perçu comme moyen de soustraire la femme, objet de tentation, aux regards affolants des hommes. L’idée serait donc de couvrir les appâts féminins et ne pas les exposer à un homme victime car étant facilement attiré. Une illustration avait longtemps circulé sur les réseaux sociaux et est toujours employée pour défendre » le port du voile Une sucette sans enveloppe c’est comme une femme sans voile, elle est couverte de mouches à merde ». Je ne voudrais pas être comparée à une sucette parce que je ne peux être réduite à un objet, et cet exemple me fait plus de mal que de bien. Cet exemple ne me rassure pas sur mon choix et réduit à néant la belle valeur symbolique du voile. Mon voile existe vis-à-vis de Dieu et non des hommes. C’est un symbole d’appartenance, une source de spiritualité et surtout un choix libre se révoltant face à cet unique modèle de liberté qu’on essaie de nous imposer.

comment savoir si on est prête à porter le voile